Un peu de débroussaillage dans le domaine de l’épistémologie juridique

L’auteur expose dans son article quatre thèses concernant l’épistémologie juridique pour expliquer et critiquer les dérives idéologiques les plus flagrantes dans la théorie contemporaine du droit. La première thèse rappelle que le « droit » n’est pas de l’ordre d’un existant, que le « droit » n’existe pas sur l’ordre de l’être et de l’avoir, et que tout discours sur le « droit » n’engendre pas son existence dans le monde réel. La deuxième thèse précise que les éléments factuels ne permettent pas de tirer de conclusions sur le niveau de droit, et que les juristes contemporains ont intérêt à méditer de nouveau ce qu’enseignait David Hume de même que l’interdiction rationnelle de croire qu’un raisonnement peut passer du fait au « droit ». La troisième thèse, quant à elle, se penche sur le phénomène idéologique qui consiste à raisonner à partir d’un « déjà-droit », ou encore d’opérationnaliser ou de se référer à un quelconque « déjà-droit », thèse que l’auteur critique comme étant idéologique et irrationnelle. Pour ce qui est de la quatrième thèse, l’auteur s’en prend aux semeurs de concepts, eux qui remplacent toute réflexion sur la possibilité du droit pour foncer tête baissée dans la contemplation des concepts, anciens ou nouveaux, en présupposant que tout cela n’est rien d’autre que du « droit » ; en confondant ainsi allégrement le fait de semer des concepts et un travail sérieux sur une question de droit. À travers l’étude de ces quatre assertions, d’ailleurs interreliées, l’auteur interpelle les chercheurs en droit pour qu’ils prennent au sérieux les exigences de l’épistémologie juridique. Il exhorte les juristes à s’intéresser à notre modernité juridique de même qu’aux hommes et aux femmes qui ont fait le pari d’un droit à leur mesure.

Ce contenu a été mis à jour le 3 novembre 2015 à 17 h 05 min.